Rencontre cette semaine avec Marianne Lévy. Un indice ? Cette auteure ne laisse jamais apparaître son visage sur les réseaux sociaux ou autres. Elle vient de publier « Dress code et petits secrets » aux éditions Pygmalion. C’est une douce personne que j’ai eu la chance de rencontrer l’année dernière au salon Lire à Limoges. Depuis, nous sommes restées en contact et elle a donc accepté de se prêter au jeu de mon interview.
Qui êtes-vous en quelques mots ?
Je mène une double vie. Je suis critique de séries. Cela revient à dire que je suis payée pour regarder la télé et interviewer Patrick Dempsey.
Ce n’est pas toujours facile à vivre pour mes amies… Plus sérieusement, c’est un métier que j’adore car j’ai open-bar sur l’imaginaire des créateurs. Je passe d’ailleurs plus de temps à questionner des scénaristes que des acteurs. Les séries sont un endroit privilégié pour observer et parler du monde, aujourd’hui. Les chaînes du câble ont changé la donne il y a vingt ans. Elles ont donné la parole aux auteurs. C’est le fameux âge d’or de la télé avec des séries comme « Les Sopranos ». En cassant les codes et en repoussant les limites de ce que l’on pouvait raconter à la télé, ces têtes brûlées ont offert une liberté folle à tous les autres scénaristes. Sans eux, même une série grand public comme « Grey’s Anatomy » n’aurait pas pu exister.
Cette immersion permanente dans les histoires des autres m’a donné envie d’écrire mes histoires à moi. C’est la seconde partie de ma vie. Les deux sont complémentaires. J’ai appris à écrire en regardant la télé. La construction d’un univers, la trajectoire des personnages, bien sûr. Mais, surtout, la voix de l’auteur. C’est ce qui est le plus important pour moi dans un roman. J’ai besoin de l’entendre. J’aime me dire qu’il n’y a que lui qui pouvait écrire ce livre. Comme c’est le cas avec Nick Hornby.
Quelle place occupe la lecture dans votre quotidien ?
Toute la place. Elle me donne à penser, m’émeut, me nourrit, me fait grandir.
Avez-vous des habitudes de lecture : un endroit préféré ? Un rituel ?
Mon rituel consiste à ne jamais sortir de chez moi sans un livre dans mon sac. C’est indispensable car je lis partout. Mes romans préférés, eux, ne me quittent jamais. Ils ont leur étagère dans ma chambre mais sont également présents en version numérique dans mon téléphone. Souvent, je relis un chapitre, un passage ou même une ligne de dialogue. C’est toujours très inspirant.
Votre récent coup de cœur littéraire et pour quelles raisons ?
Plus qu’un coup de cœur, une déflagration. « Mon désir le plus ardent » de Pete Fromm. Je l’ai lu l’été dernier. Depuis, il a rejoint l’étagère des romans qui m’accompagneront toute ma vie. Il est d’une beauté absolue. L’écriture, d’abord. Elle est viscérale. Mais reste économe en mots. Alors elle touche directement sa cible : notre cœur. Le propos, ensuite. C’est l’histoire d’un amour sans limites. Pete Fromm en fait une évidence mais aussi un défi. Il n’épargne rien à ses personnages. C’est rude pour nous. Chaque page de lecture a été un combat pour moi.
L’écriture c’est quoi pour vous ? Que vous apporte-t-elle ?
C’est une question qui revient souvent. J’ai longtemps pensé et donc répondu qu’elle m’apportait les mille existences qu’il m’était matériellement impossible de vivre. Un véhicule spatio-temporel émotionnel qui me ramenait à la toute-puissance de l’enfance.
Finalement, écrire ce n’est pas si différent que de jouer aux Playmobil. Aujourd’hui, l’écriture me nourrit aussi d’une autre manière. Elle m’a permis de faire des rencontres essentielles. J’ai la chance de pouvoir échanger avec des écrivains qui apportent énormément au bébé auteur que je suis encore, comme Laurence Peyrin, Brice Homs, Nicolas Robin ou Sébastien Spitzer, par exemple.
De nouveaux projets en cours ?
Je suis en train de terminer mon premier projet de non fiction. Un livre sur les séries télé. Il aura une approche très personnelle. Une fois encore Florence Lottin, mon éditrice, m’a offert une carte blanche. Il paraîtra en mars prochain chez Pygmalion. Ensuite, je me lancerai dans un nouveau roman. Tous les personnages vivent déjà en moi. J’ai hâte de les rencontrer sur mon clavier.
Un mot pour les lecteurs de jadorelalecture.com pour finir ?
Un énorme appel du pied, plutôt. Si vous avez des coups de cœur, partagez-les ! Comme dit le proverbe : « Nouvelle année, nouvelle PAL ». ;-))