Parution le 5 mars 2020
Résumé
« Ciao, Sofia, qu’est-ce que je te sers ? Comme d’habitude ? Et j’ajoute un cornetto, parce qu’il faut manger, ma fille !
– Oui, merci, Maria. »
Je m’installe en terrasse, face à la mer, comme chaque matin depuis que je suis de retour en Italie. J’aime bien travailler au son des tasses qui s’entrechoquent. Et, au Mamma Maria, j’ai toujours de la compagnie. Il y a ceux qui viennent tuer le temps. Il y a les enfants qui rêvent devant le comptoir à glaces. Il y a les ados qui sirotent un soda, monsieur le curé, et, surtout, mes partenaires de scopa.
Ici, on vient échanger quelques mots, partager un apéro, esquiver la solitude ou écouter Celentano. Moi, je viens pour me persuader que j’ai bien fait de quitter Paris… et l’autre abruti.
Il fait quand même meilleur ici.
Et puis, on cherche aussi à profiter de la bonne humeur (ou non) de Maria, qui mène, comme une mamma, tout ce petit monde à la baguette.
Bref, j’ai enfin retrouvé mon village paisible.
Enfin, paisible jusqu’au jour où…
Mon avis
Serena Giuliano nous fait partager un peu de l’Italie si chère à son coeur avec ce magnifique roman. Je me suis laissée aller au rythme des dialogues que j’imaginais bien sonores, aux rires et aux chuchotements. Et j’avoue que j’avais l’eau à la bouche et envie de découvrir l’Amalfitano, le fameux cocktail, interprétation locale du spritz.
Dans ce roman aux doux accents italiens, l’auteure nous emporte au coeur d’un village typique et nous plonge carrément en immersion parmi ses habitants. Alors c’est haut en couleurs, les générations cohabitent, les amitiés se tissent, les liens familiaux sont forts.
Ce qui domine ? L’amour, l’attachement au village et au café, le point central pour tous. Mais attention à ne pas vouloir trop secouer les habitudes des uns et des autres…
Au centre de tous ces villageois, Maria, la mamma de tous et son café. Elle connaît tout le monde et mène les uns et les autres à la baguette, quel que soit leur âge. Le pilier du village en somme. Derrière son comptoir, elle garde rarement sa langue dans sa poche. Un coeur gros comme ça sous des allures parfois revêches !
Mais sous le soleil de cette côte almafitaine, se noue également une autre histoire, plus tragique. Et j’ai adoré la manière dont Serena Giuliano introduit ce thème. Je n’en dirais pas davantage au risque de dévoiler trop de choses. Mais ce sujet d’actualité depuis plusieurs années est évoqué avec beaucoup d’habileté, de finesse et surtout d’humanité.
Au travers des cartes postales qu’elle choisit d’écrire à son ancien amoureux, elle nous dresse un joli portrait de coins à découvrir. Et comment ne pas rire quand elle profite d’une virée en France pour comparer les deux cuisines, c’est hilarant !
Sous un côté léger avec la juste dose d’humour, Serena Giuliano a réussi à glisser un discours bien plus engagé. Son roman est une ode à l’amour, à son pays, à la gastronomie italienne évidemment… mais pas seulement. Et elle en profite pour aborder de nouveau le thème de la maternité.
Bref c’est un roman sensible qui fait sourire, rire et qui vous noue la gorge par moments. Il est aussi lumineux que le soleil de cette jolie côte et finalement délivre un véritable message positif. Une ode à la tolérance, à la différence et à l’altruisme.