Rencontre avec Yoan Smadja, auteur du magnifique roman « J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi » paru au printemps dernier chez Belfond.
Qui êtes-vous en quelques mots ?
J’ai 35 ans, je suis marié et père de deux enfants. Entrepreneur dans le secteur de la restauration, j’ai écrit mon premier roman paru en avril dernier et intitulé « J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi« .
Quelle place occupe la lecture dans votre quotidien ?
Une place hélas trop peu importante, ne parvenant pas à y consacrer le temps que je voudrais mais centrale, déterminante et parfois obsessionnelle lorsque je tombe sur une pépite. Elle constitue un espace réservé. Je suis un lecteur de littérature contemporaine, majoritairement française. Mon épouse et moi tentons de transmettre ce goût à nos enfants.
Avez-vous des habitudes de lecture : un endroit préféré ? Un rituel ?
Pas d’habitudes particulières mais j’apprécie particulièrement la lecture lors des voyages, spécifiquement des longs trajets en train ou en avion, qui permettent de se déconnecter et de se consacrer pleinement au livre en cours. Par ailleurs, lorsque je découvre un auteur dont j’ai apprécié le roman, j’ai tendance à aller acheter tous les précédents…
Votre récent coup de cœur littéraire et pour quelles raisons ?
J’ai récemment lu plusieurs ouvrages qui m’ont beaucoup plu. « Né d’aucune femme » (Franck Bouysse) dont la plume m’a semblé d’une précision et d’une délicatesse sans faille. « Tous sauf moi » (Francesca Melandri) un roman bouleversant, que j’ai refermé avec un sentiment de plénitude et la sensation de redécouvrir l’Italie. « UnPur« , qui m’a permis de m’initier à l’écriture « totale » d’Isabelle Desesquelles, frontale, émouvante. Récemment, j’ai également lu « Salina » (Laurent Gaudé), « Pastorale américaine » (Philip Roth), « Leurs enfants après eux » (Nicolas Mathieu) et « Transparence » (Marc Dugain), quatre romans très différents qui m’ont beaucoup marqué.
L’écriture c’est quoi pour vous ? Que vous apporte-t-elle ?
C’est avant tout une découverte, une expérience nouvelle. Mon premier roman traite du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994. Il est le fruit d’un voyage mené sur place il y a une dizaine d’années et, dans une certaine mesure, il m’a permis d’exprimer un certain nombre de sensations enfouies. Il s’agit des récits enchassés, dans le chaos des premiers jours du génocide, d’une jeune maman tutsi et d’une journaliste française. J’ai tenté de décrire le quotidien, le bouleversement des vies et des repères de l’existence, les sentiments susceptibles d’assaillir les personnages dans de telles situations. C’est une histoire de femmes, de vanille, d’enfants et d’espoir.
L’écriture m’a conféré un plaisir que je n’aurais pu soupçonner, les échanges qui en découlent avec quelques-uns des lecteurs du roman, qui me sont proches ou parfaitement inconnus, les liens qui se tissent inévitablement entre nous, m’apportent énormément.
Il faut aussi mentionner le rôle extrêmement important de la maison d’édition : son accompagnement, les corrections minutieuses, les encouragements. Je dois énormément à Belfond de manière générale et à mon éditrice en particulier.
De nouveaux projets en cours ?
Oui ! J’ai toujours apprécié les romans présentant la petite histoire dans la grande et j’essaie donc de coller à cet exercice en situant mes personnages dans les troubles de l’Histoire.
Un mot pour les lecteurs de jadorelalecture.com pour finir ?
Ils ont beaucoup de chance de pouvoir compter sur les lectures (et les retours de lecture) si variées, si régulières et si précises du blog. J’espère que celles et ceux parmi vos lecteurs qui pourraient avoir envie de lire mon premier roman ne seront pas déçus !
Crédit photo : Melania Avanzato