Avec La fin d’un monde, Xavier de Moulins continue d’explorer les histoires de famille. C’est le roman de la descente aux enfers de Luigi, écrasé par le poids de l’histoire familiale depuis très… trop longtemps.
La fin d’un monde de Xavier de Moulins, c’est un beau roman sur tous les non-dits, sur tout ce que tait une famille. L’auteur aborde les secrets, le poids d’un statut, des apparences, les blessures que l’on tait, les mensonges et bien entendu les souffrances, là encore dissimulées. En effet, il est des familles dans lesquelles on ne parle pas, on ne se livre pas, on ne se dévoile jamais. Et tant pis, si cela détruit des êtres qui ne s’autorisent pas le bonheur.
La fin d’un monde, c’est l’histoire de Luigi. celle d’un homme au crépuscule de son mariage. La séparation avec Estelle est actée et le divorce proche. Luigi est à bout, à bout de force, sans énergie. Il subit sa vie plutôt qu’il ne la vit.
Xavier de Moulins immerge son lecteur dans La fin d’un monde avec une narration à la deuxième personne du singulier. C’est même percutant pour le lecteur. Luigi part à la dérive. Sa femme l’a quitté. Il décide sur un coup de tête de retourner sur les terres de son enfance, le château. En fait, c’est une maison familiale à laquelle il raccroche ses souvenirs, ses sentiments et finalement son bonheur. Il a subi la vente de la propriété familiale par Edouard, cet oncle qu’il admirait tant mais avec lequel il n’a plus aucune relation. Luigi s’enfuit, sans prévenir quiconque et laisse ses deux enfants dans l’appartement familial, faisant naître l’angoisse chez ses proches. Mais il n’est plus en état de réfléchir. Il veut revoir une dernière fois le château, devenu maison d’hôtes. Il veut clore ce passé. Et le château constitue l’un des personnages du roman.
Secrets de famille, un poison…
La fin d’un monde signe la fin de l’enfance à laquelle Luigi doit renoncer pour peut-être commencer à aller mieux. Une existence construite sur bien des mensonges et des silences. Des silences et des mensonges qui l’ont façonné et emprisonné. Luigi lutte entre son passé et son présent. Il est perdu.
Dans cette fuite en avant que l’on suit au fil des chapitres, Luigi est animé de plus en plus par la haine. Jamais il ne se remet en question. Lui aussi s’est tu longtemps. Lui aussi s’est effacé pour ne pas faire de vagues car il a été élevé entre ce qui se fait et ne se fait pas dans cette famille si particulière. Luigi a toujours songé à sa jeunesse comme à une existence idyllique. Mais il doit solder ses comptes avec ce passé qui l’empoisonne. Il doit s’en détacher. Y parviendra-t-il ?
J’ai bien aimé l’alternance des points de vue dans la narration. J’avoue qu’ayant des difficultés à lire depuis un sacré bout de temps, je n’ai pas été emportée. Mais la finesse de l’écriture est bel et bien au rendez-vous. J’aime la plume de cet auteur depuis longtemps et son habilité à nous plonger dans les histoires de famille. Et surtout, j’ai été bluffée par le rythme qui s’accélère quand enfin, l’auteur nous dévoile tout de l’histoire familiale et de celle de Luigi. J’avais deviné l’un des secrets mais quand même, c’est un roman très bien construit avec son lot de surprises pour le lecteur. Toutes les pièces du puzzle s’emboîtent dans les dernières pages.
4e de couverture La fin d’un monde
» Luigi, tu es devenu si étrange depuis le coup de téléphone de ta mère. C’est elle qui t’a annoncé la nouvelle en retenant son chagrin par la peau du cou. – Édouard a vendu la maison. »
Une vieille famille d’aristocrates désargentés, la vente d’un château, une terre de mensonges peuplée de fantômes, la peur d’aimer, l’art de tout perdre, un revolver dans une boîte à gants. La fin d’un monde. Le début d’autre chose.
Après le succès de La nuit des pur-sang, Xavier de Moulins signe un roman, captivant et brûlant, qui interroge le poids de nos héritages et les conséquences de nos choix.
La fiche de La fin d’un monde
- 7 février 2024
- Editions Flammarion
- Format broché
- 288 pages
À lire du même auteur
- La nuit des pur-sang (2023)
- Toute la famille ensemble (je l’ai et beaucoup aimé mais j’étais dans ma période » grotte » alors je ne faisais plus vraiment de chroniques…)
- Mon garçon (2021)
- Le petit chat est mort (2020)
- La vie sans toi (2019)
- Les hautes lumières (2017)
- Charles Draper (2016)