L’homme des mille détours d’Agnès Martin-Lugand a agi comme un aimant avec la lectrice que je suis. Il m’a saisie, j’y ai plongé pour ne remonter à la surface qu’une fois la dernière page tournée. Et là j’ai repris ma respiration. C’est un immense coup de coeur !
L’homme aux mille détours, c’est pour moi un raz-de-marée émotionnel. J’ai commencé ma lecture et je n’ai vraiment pas pu m’en détacher. L’écriture d’Agnès Martin-Lugand dégage une force absolue et irréversible. J’ai succombé à cette histoire. J’ai plongé en apnée aux côtés de ces personnages tellement vivants sous la plume de l’auteure : Ivan, Gary, Erin, Ulysse, Lou, Milo.
L’auteure nous emporte dans une plongée en eaux très profondes. Vous nagez aux côtés de personnages cabossés par la vie, extrêmement bien construits. Cette histoire vous prend vraiment aux tripes. Agnès Martin-Lugand y aborde l’amour, la passion, la famille, les rancoeurs, la vengeance, l’abandon. Vous évoluez entre les eaux claires mais agitées de la Réunion et celles de l’Océan atlantique à Saint-Malo.
L’auteure explore le thème de l’amour sous toutes ses facettes : l’amour au sein du couple, l’amour maternel, l’amour paternel, l’amour fraternel, l’amour toxique et destructeur…
J’ai saisi les failles de Gary. J’ai perçu le côté sombre d’Ivan sous ses airs mystérieux. J’ai vu Erin et son désir d’être à nouveau heureuse, de se détacher de son mari disparu et de renaître. J’ai enfin été très émue par les trois enfants d’Erin, en mal de père, en colère contre un père disparu, en recherche d’un père tout simplement.
Des mots me sont venus tout de suite à l’esprit avec cette lecture alors je les partage avec vous : passion, amour viscéral, amour exclusif et fusionnel, amour destructeur, lenteur, feu, luminosité, force…
Une lente reconstruction
L’homme des mille détours c’est à la fois la lenteur d’une reconstruction, celle de Gary et celle d’Erin et le feu qui brûle dans un personnage, Ivan. Il irradie la menace. J’ai également beaucoup aimé l’omniprésence de l’océan, celui qui apaise mais aussi celui qui soulève des tempêtes dans le coeur des personnages. L’océan avec son pouvoir d’attraction.
L’Homme aux mille détours nous raconte aussi la famille de sang et la famille de coeur, celle que l’on choisit, en laquelle on place sa confiance et sur qui l’on peut compter. Agnès Martin-Lugand nous conte l’amour pour un enfant quand il apparaît comme une évidence mais aussi quand il n’existe pas malgré les liens du sang. L’amour dans le couple qui peut être exclusif, destructeur, passionnel et sans concession. Elle dissèque la nature profonde de chacun de ses personnages et l’on sent bien que leur psychologie a été savamment travaillée. Elle s’intéresse à la manière dont chacun s’est construit. Avait-il un socle solide pour grandir et devenir adulte ?
Ivan et son désir de possession absolue est effrayant. Mais n’est-il tout simplement pas en quête d’amour ? Lui qui affiche une indépendance et une liberté extrême aurait choisi de s’attacher envers et contre tous à une femme. La plume de l’auteure exprime à merveille la détresse, l’urgence, le besoin d’aimer et d’être aimé, de faire confiance.
J’ai trouvé cette histoire envoûtante. J’ai vécu un tumulte d’émotions en lisant L’homme aux mille détours. J’ai senti une véritable force se dégager de ces 416 pages. C’est un roman profondément humain et sensible. Un roman où les émotions sont intenses. Bref c’est un immense coup de coeur !
10 ans et 10 romans
Les émotions étaient à leur comble le 6 juin 2023 quand Agnès Martin-Lugand est revenue sur son parcours d’écrivaine. » 6 juin 2023, une date que je souhaitais célébrer, très importante pour moi. Le 6 juin, c’est une date sans laquelle je ne serai pas présente parmi vou », disait-elle la voix tremblante. Le 6 juin 2013, Les gens heureux lisent et boivent du café, son premier roman sortait en librairie. Deux jours de folie à l’époque avec notamment l’interview avec Yves Calvi. Besoin d’une preuve. » Une décennie. 10 romans, 10 ans de rencontres, de rires et de larmes. 10 ans d’une écriture qui évolue et de confiance avec les éditions Michel Lafon » confiait l’auteure lors de cette soirée du 6 juin 2023.
Quand Agnès Martin-Lugand raconte L’homme des mille détours
Loirs de cette soirée, l’auteure est revenue sur l’écriture de son roman, les personnages qui se sont imposé à son imaginaire. C’était plus qu’émouvant !
» C’est à Erin que je dois ma rencontre avec lui. Elle s’est imposée sans que je l’attende, sans que je la cherche. Elle est arrivée avec ses trois enfants, son bar et son mari disparu, volatilisé dans la nature. Elle m’a soufflé le prénom de ses enfants, en particulier celui de son fils aîné, Ulysse. L’existence d’Ulysse m’a offert le fil rouge de l’Odyssée d’Homère que j’ai lu et relu durant toute l’écriture et dont il m’est encore difficile de me détacher. Un peu comme Erin qui le considère comme son livre de chevet. Malgré la force et la présence immédiate d’Erin, elle s’est effacée pour laisser place à un homme. Elle ne voulait pas prendre la parole en premier. Elle reprenait possession de sa vie et souhaitait être tranquille. Gary a débarqué dans ma vie et ma tête, avec sa passion pour la mer et la plongée, ses blessures, son impossibilité à être père alors que c’est un désir qui le dévore. Il a partagé avec moi sa fuite, son vertige et son sursaut de vie. Gary et Erin se sont raconté alternativement. Ils m’ont confié l’un et l’autre leurs combats respectifs pour garder la tête hors de l’eau. Quel fil pouvait les relier. Sans que nous nous en doutions, un autre homme a imposé sa volonté. Ivan. Un homme contre qui on ne peut pas lutter. Il est aussi charismatique que dangereux. À nos risques et périls, je l’ai laissé faire « .
Qui est L’homme des mille détours ?
» Peut-être pas celui que l’on croit. Il a rusé pour me perdre. pour disparaître, se dévoiler, se construire, se détruire, se reconstruire. Il a durant plusieurs mois entretenu l’illusion que je savais me protéger de lui, que je gardais mes distances vis-à-vis de lui. J’ai donc longtemps cru que mon inconscient ne serait pas malmené à ses côtés. Chaque jour qui me rapprochait de notre séparation, je réalisais combien il m’avait manipulée. Sa face sombre m’a hantée tel un disparu. Elle m’a entraînée vers la violence, vers l’amour pathologique et possessif, vers la destruction mais aussi vers la rédemption. L’homme des mille détours m’a entraînée sous l’eau, dans ses profondeurs les plus obscures, ses douleurs les plus intimes dont certaines ont fait écho aux miennes, ses espoirs et ses rêves. Il m’a appris l’apnée et m’a bousculée pour que je mette des mots sur le désir d’être père, sur l’amour auquel on ne croit plus, sur l’envie de construire même lorsqu’on imagine que tout est perdu, sur la rencontre entre un enfant et un adulte, sur les liens du coeur plus forts que ceux du sang « .
4e de couverture L’homme des mille détours
Des liens du sang aux liens du cœur, l’odyssée d’une famille.
L’un rêve de fonder une famille.
L’autre a fui toute attache.
Tous deux se sont rencontrés au milieu de l’océan Indien et, sans rien savoir de leurs secrets, se sont liés d’amitié.
Quand le premier décide de regagner la France, le second lui demande une étrange faveur : se rendre à Saint-Malo et lui donner des nouvelles de celle qu’il a abandonnée sept ans plus tôt sans laisser de traces…
La fiche du roman
- 28 septembre 2023
- Éditions Michel Lafon
- format broché
- 416 pages
À lire aussi d’Agnès Martin-Lugand
- La déraison
- La Datcha
- Nos résiliences
- Une évidence
- A la lumière du petit matin
- J’ai toujours cette musique dans la tête
La bibliographie de l’auteure
- Les gens heureux lisent et boivent du café
- Entre mes mains le bonheur se faufile
- La vie est facile, ne t’inquiète pas
- Désolée, je suis attendue
- J’ai toujours cette musique dans la tête
- À la lumière du petit matin
- Une évidence
- Nos résiliences
- La Datcha
- La déraison
- L’homme des mille détours