Rencontre avec Amélie Cordonnier, auteure de romans percutants. Sa plume ciselée est très efficace et ses livres . Après Trancher paru l’an dernier, elle vient de publier Un loup quelque part, paru le 11 mars.
Qui êtes-vous en quelques mots ?
J’ai 40 ans (enfin j’aurai 41 ans le 18 juin, mais on n’y est pas encore !) Je suis journaliste, maman de deux enfants, un garçon et une fille, à qui j’ai dédié Trancher, mon premier roman. Et quand je ne m’occupe pas d’eux, je lis, je cours, je nage. Ou j’écris, la nuit !
Quelle place occupe la lecture dans votre quotidien ?
Une grande place. Je lis beaucoup. Des romans, surtout. Depuis toujours. Petite, mon père me menaçait d’enlever mon ampoule parce que je n’arrivais pas à éteindre le soir. Mais j’ai eu du mal à lire pendant le confinement. Sans doute parce que les moments de solitude ont disparu. Et qu’entre le télétravail, l’école, la cantine, la montagne de tâches à accomplir, les cafards et les chagrins à consoler, la charge mentale s’est sacrément alourdie.
Avez-vous des habitudes de lecture : un endroit préféré ? Un rituel?
J’aime les livres qui dérangent et qui secouent. Je lis partout. J’avais l’habitude de lire matin et soir dans le métro, durant mes presque deux heures de trajet quotidien sur la ligne 13, que je n’ai pas empruntée depuis le 11 mars. Et puis je m’endors tous les soirs sur mon livre. Je rêve de pouvoir lire bientôt sur la plage…
Votre récent coup de cœur littéraire et pour quelles raisons ?
J’ai adoré Par les routes de Sylvain Prudhomme ou encore Murène de Valentine Goby qui m’avait déjà fait beaucoup pleureur avec Un Paquebot dans les arbres. Je ne me suis toujours pas remise de Love MeTender de Constance Debré, paru en janvier 2020 alors que j’ai dû lire une soixantaine de livres depuis ! Son roman est un uppercut de la force de celui qu’elle reçoit, quand elle comprend qu’elle ne peut plus voir Paul, son fils de huit ans, dont elle s’occupe en garde alternée depuis trois ans sans que cela n’ait jamais posé le moindre problème à l’homme qui fut son mari pendant vingt ans. Que lui reproche-t-on subitement ? D’être « passée aux filles ». De remettre en cause sa sexualité, sa carrière d’avocate et au-delà son identité même. De s’alléger de tout, de ses cheveux jusqu’à son appartement, de faire sa mue pour devenir qui elle est. Ce n’est pas un crime. Pourtant elle va le payer. Très cher. On s’insurge et on se désespère. Pas elle. Car Constance Debré est comme son écriture, puissante.
L’écriture c’est quoi pour vous ?
Une habitude, chaque matin, entre 4 et 7 heures avant les tartines des enfants et le départ pour le travail. Une joie, une nécessité désormais. Une urgence. Une force et une confiance gagnées.
De nouveaux projets en cours ?
J’ai presque terminé mon troisième roman. Grâce au confinement. Il faut bien lui trouver un avantage !
Un mot pour les lecteurs de jadorelalecture.com pour finir ?
Je vous embrasse puisque par écrit c’est encore permis !
Crédit photo : Astrid di Crollalanza