La femme aux doigts bleus de Margaux Guyon est un roman percutant, saisissant mais totalement addictif. Le portrait d’une femme qui décide d’assumer son désir et ses pulsions. Enseignante le jour, sa vie devient tout autre la nuit. Iris se transforme en redoutable prédatrice pour les hommes ou devrais-je écrire les mâles ? J’ai adoré !
Tout commence dans cette nouvelle existence car son petit ami la quitte du jour au lendemain sans qu’elle n’ait rien vu venir.
L’auteure dissèque dans ce roman la manière de s’approprier son corps et celui de l’autre parfois… Un très bon roman !
Iris se met à chercher vainement un peu Simon. Elle est aussi en quête d’adrénaline et parce qu’elle veut vibrer, exister, elle va se muer en une redoutable prédatrice.
Iris part à la conquête d’hommes avec un seul objectif en tête : prendre du plaisir, laisser une marque indélébile sans qu’ils en aient conscience. Elle prend et ne donne rien…
La femme au doigts bleus, prédatrice…
Ce tatouage, elle en fait la suite logique du rapport sexuel. Car ici nulle trace de sentiment dans les actes d’Iris, meurtrie mais vengeresse quelque part. Elle semble comme anesthésiée.
Sa détresse est à fleur de peau, elle ne dort plus, n’existant que pour trouver le mâle avec lequel elle pourra assouvir ce qui est devenu désormais une pulsion.
Entre alcool, drogues, obsessions et hallucinations, elle s’embarque dans un cercle vicieux et parvient à dissimuler de plus en plus cette vie nocturne d’excès.
La lecture s’accélère au rythme des actes d’Iris. Un rythme qui devient haletant, saisissant et finalement un peu enivrant…
Une écriture rythmée
Peu de pages mais un suspense psychologique qui s’impose avec cette écriture très rythmée, très crue tout en étant délicate.
Ce roman vous saisit, vous frappe et ne vous laisse certainement pas indemne.
Ce qui m’a particulièrement plu, c’est qu’ici, l’auteure nous livre une femme qui dévie du droit chemin et use et abuse de travers souvent plus masculins, comme le recours à une drogue pour parvenir à ses fins.
Avec le tatouage, Margaux Guyon évoque évidemment l’abus de faiblesse qu’Iris commet sciemment, l’appropriation du corps, des traces indélébiles à vie et finalement la douleur. Elle s’intéresse donc aussi aux victimes et à la difficulté de dénoncer parfois…
Margaux Guyon signe un roman percutant, très fort où elle révèle Iris, une femme qui sombre dans l’addiction.
Quatrième de couverture
Avant de la quitter, Simon a demandé à Iris de lui dessiner un tatouage sur le torse, comme une empreinte indélébile. Désormais seule face au vertige de la rupture, Iris cherche désespérément le souvenir et le goût de sa peau.
Multipliant les rencontres, elle plonge dans le monde de la nuit au risque de s’y noyer. N’était cette obsession : s’approprier le corps des hommes, parfois contre leur gré, pour graver de ses doigts bleus des signes qu’elle est la seule à pouvoir interpréter…
Après Latex etc, un premier roman écrit à vingt ans, Margaux Guyon signe un suspense psychologique sensuel et troublant sur notre rapport au corps dans un monde dématérialisé, et sur la violence taboue du désir féminin.
La fiche du livre
- 3 février 2021
- Éditions Albin Michel
- 140 mm x 205 mm
- 224 pages