Un battement d’elle de Gaston Marie
📆 Paru le 10 février 2020
Résumé
« Comment imaginer devenir à nouveau insouciante lorsque l’on a projeté sa mort ? ». Telle est la question que se pose Sylvie face à l’annonce du cancer qui la ronge. Commencent alors le déni et la lutte contre ce qui semble impossible à battre. S’enchaînent le dépit et la chute contre une maladie qui finira par l’abattre. Face à l’infaillible réalité, Sylvie plonge dans les abysses de l’existence, à la frontière entre la vie et la mort, l’être et le non-être… pour étrangement atterrir dans le corps d’un Autre. Un roman profond, philosophique et existentiel, qui plonge le lecteur dans la conscience d’une femme dont la vie oscille furieusement au fil des pages.
Mon avis
Un battement d’elle a soulevé un véritable tsunami d’émotions dans ma tête et mon coeur. J’ai été bien plus que chamboulée. D’abord parce que le début du roman faisait énormément écho dans ma mémoire… Lire ce qui arrivait à Sylvie m’a inévitablement ramenée dans le passé, car son histoire avait bien tant de parallèles avec elle.
Je la revoyais vers la fin, quand ses yeux parlaient mais que les mots ne franchissaient plus ses lèvres ou alors ce n’était plus les mots justes. Une douleur, un déchirement dans mon coeur à chaque fois… Son esprit continuait à fonctionner quand son corps lui avait déjà échappé. C’était donc difficile de repartir dans ces souvenirs et j’ai eu peur de ne pas parvenir à les délaisser pour savourer correctement Un battement d’elle. J’y suis parvenue et ce roman est une pépite !
Un roman émouvant
On commence la lecture auprès d’un couple heureux de vivre tout simplement. Puis très vite, c’est l’histoire d’une femme mourante qui vous submerge. Mais son esprit refuse de lâcher prise et elle veut s’octroyer encore du temps auprès des siens. Loin d’être larmoyant, Un battement d’elle emporte le lecteur dans l’esprit de Sylvie. On oublie l’enveloppe charnelle, on prend de la hauteur en quelque sorte.
Le roman prend alors un tournant surprenant, poétique. On flotte dans l’esprit d’un personnage double : l’esprit de Sylvie tantôt mère, tantôt, enfant, adolescente, jeune adulte et celui de son âme sœur Clément. Deux esprits dans un seul corps celui d’un bébé, d’un adolescent, d’un homme et enfin d’un jeune interne… Une manière pour l’auteur de nous faire voyager à travers les étapes qui construisent une vie, un être humain. Et surtout Gaston Marie laisse la part belle à l’imaginaire.
J’avoue avoir été un peu perdue parfois mais très vite, j’ai vécu dans l’esprit de Sylvie me laissant transporter dans ce monde irréel et si poétique. Elle s’offrait ainsi une dernière parenthèse de liberté et de vie. Son corps, lui, oscille dangereusement vers l’issue fatale au fil des pages. Aucun espoir et aucun suspense sur le sujet. Tout est d’ailleurs écrit dans le résumé.
J’ai trouvé intéressant cette dualité homme/femme. Une manière d’être et de penser évidemment différentes c’est bien connu. Les passages sur l’adolescence et l’éveil du corps à la sexualité sont savoureux. Une performance d’avoir réussi à glisser des notes d’humour alors que l’on connaît la fin tragique à laquelle Sylvie est vouée.
Un battement d’elle reste profondément humain, beau, émouvant. Une autre manière de parler du cancer. Original et tellement bien écrit. Je vous le recommande !