Nickel boys de Colson Whitehead
Parution le 19 août 2020
Prix Pulitzer 2020
Résumé
Dans la Floride ségrégationniste des années 1960, le jeune Elwood Curtis prend très à cœur le message de paix de Martin Luther King. Prêt à intégrer l’université pour y faire de brillantes études, il voit s’évanouir ses rêves d’avenir lorsque, à la suite d’une erreur judiciaire, on l’envoie à la Nickel Academy, une maison de correction qui s’engage à faire des délinquants des « hommes honnêtes et honorables ». Sauf qu’il s’agit en réalité d’un endroit cauchemardesque, où les pensionnaires sont soumis aux pires sévices. Elwood trouve toutefois un allié précieux en la personne de Turner, avec qui il se lie d’amitié. Mais l’idéalisme de l’un et le scepticisme de l’autre auront des conséquences déchirantes.
Mon avis
Colson Whitehead réalise le tour de force d’obtenir deux prix Pulitzer ! Il a obtenu cette prestigieuse récompense en 2017 pour Underground Railroad que j’avais adoré. Il renouvelle la performance avec Nickel boys et c’est amplement mérité.
Aucun doute, ce nouveau roman marquera la rentrée littéraire 2020 et séduira celles et ceux qui apprécient les ouvrages dénonçant la ségrégation. C’est franchement un coup de coeur pour moi !
La force de Colson Whitehead réside, à mon sens, dans sa capacité à lever le voile sur des faits réels tout en conservant la forme romanesque pour son récit. Nickel boys est fort et puissant. Douloureux même, dans ce qu’il suscite d’émotions pour son lecteur. Ce roman ne pourra pas vous laisser indifférent. Il m’a profondément émue.
Au début du 20e siècle naissait la « reform school » Arthur G. Dozier School for Boys en Floride, aux États-Unis. Elle devait constituer une école de la dernière chance pour réinsérer dans la société de jeunes délinquants, une sorte de maison de correction. En réalité, cet établissement fut le théâtre de sévices et tortures les plus abjects sur des adolescents de couleur. Durant les années où cette école accueillit des jeunes, nombre d’entre eux disparurent… Ce scandale n’a été révélé qu’en 2010 !
Colson Whitehead a construit un roman à partir de cette douloureuse histoire pour rendre hommage aux adolescents victimes de cette « reform school ». Et c’est magistral !
L’auteur nous embarque aux côtés d’Elwood du début des années 60 jusqu’à une époque plus récente. Trois parties dans le roman. D’abord l’enfance et l’adolescence d’Elwood, jeune garçon noir, élevé par sa grand-mère. Colson Whitehead nous plonge dans une Amérique où Blancs et Noirs ne coexistaient pas vraiment.
Puis les années terribles à Nickel. J’ai eu le coeur retourné et le récit m’a saisie aux tripes tant ce que décrit Colson Whitehead est dur. Pourtant, au milieu des horreurs, on suit les amitiés qui se tissent et laissent peut-être entrevoir une porte de sortie et d’espoir. Enfin, la vie post-Nickel ou comment se reconstruire après avoir vécu le plus horrible.
C’est donc l’histoire d’Elwood qui s’accroche aux mots de Martin Luther King et qui doit partir étudier à l’université. Il a l’espoir d’une vie meilleure grâce à l’instruction et il veut y croire. Oui mais voilà, sur la route qui devait le conduire à l’université, Elwood fait une mauvaise rencontre et il se retrouve à Nickel. L’injustice encore une fois !
Nickel boys fait écho aux récents événements survenus aux États-Unis et à l’assassinat de George Floyd. Alors oui ce roman est difficile mais il reste empli d’espoir aussi. Et il nous offre une magnifique histoire d’amitié qui naît dans les conditions les plus atroces. J’ai adoré et je vous le recommande vivement.
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