Résumé
De retour de vacances, sur le parvis d’une gare, Édouard laisse derrière lui sa femme et sa valise. Un départ sans préméditation. Une vieille romancière anglaise en est le déclic, la forêt de Brocéliande le refuge.
Là, dans une chambre d’hôtes environnée d’arbres centenaires, encore hagard de son geste insensé, il va rencontrer Gaëlle la douce, son fils Gauvain, enfermé dans le silence d’un terrible secret, Raymond et ses mots anciens, Adèle, jeune femme aussi mystérieuse qu’une légende.
Et Platon, un chat philosophe.
Qui sont ces êtres curieux et attachants ? Et lui, qui est-il vraiment ?
S’il cherche dans cette nature puissante les raisons de son départ, il va surtout y retrouver sa raison d’être.
Mon avis
Lors d’une rencontre en 2018 au salon Lire à Limoges, Agnès Ledit avait expliqué combien les arbres occupaient une place importante dans sa vie et pour elle… Elle les place au coeur de son nouveau roman et c’est une réussite !
Ce livre fait un bien fou. Il vous émeut au plus profond de votre être ! Il souligne combien, parfois, prendre le temps pour soi peut aider à rendre meilleur envers les autres. Ici la nature est ressourçante, apaisante pour le corps et l’esprit.
Sur un coup de tête, ou plutôt après avoir entendu une petite phrase sur le quai d’une gare, Edouard envoie tout balader. Il n’a rien prémédité de ce qui va suivre mais il décide juste de penser d’abord à lui, de sortir du tourbillon qu’est devenue son existence. Il monte dans un bus et là, démarre une véritable aventure pour lui. Et qui sait peut-être une nouvelle vie ?
Il va s’accorder une véritable pause. De celles qui vous donnent le temps de réfléchir à ce que vous êtes, qui vous êtes profondément et pas juste celui ou celle dont vous renvoyez l’image aux autres, ce que vous voulez et ne voulez peut-être plus… Edouard va se questionner sur ce qu’il veut vraiment maintenant, ce qui est important pour lui, d’abord pour lui !
Prendre le temps
Et cette pause salvatrice, il va la passer au coeur de la forêt de Brocéliande. Il va vivre plus lentement, prendre le temps de humer l’air de la forêt, de laisser son esprit divaguer, d’apprendre à connaître ces personnes qu’il rencontre, découvrir comment il peut les aider et être aidé… Il va surtout rencontrer des êtres fragiles qui ne se dévoilent pas facilement, des personnages un peu, voire très, cabossés par la vie. La galerie de personnages est tout simplement sublime : de Gauvain ce jeune adolescent muet à Platon, le chat qui observe tout ce qui se passe et agit aussi…
Agnès Ledig aborde aussi ici le thème de l’hypersensibilité et de la difficulté à trouver sa place parmi les autres quand on a les émotions et les sentiments exacerbés. Quand on est touché et parfois blessé par des choses que d’autres considèrent comme des petits riens. Ce roman met en exergue à mon sens la bienveillance, la tolérance, la différence, l’acceptation de l’autre sans jugement. Dans ce nouveau roman, les personnages donnent et reçoivent mais sans attendre quoi que ce soit. Ils se nourrissent les uns les autres et surtout apprennent des uns et des autres tout simplement, jeunes ou moins jeunes.
Ce séjour dans la forêt de Brocéliande est en fin de compte un chemin vers la reconstruction pour tous les personnages. Magnifique !
Du même auteur…
« De tes nouvelles »
« Dans le murmure des feuilles qui dansent »