J’ai découvert Gavin’s Clemente Ruiz avec son second roman « Le Club de Feignasses ». Il vient d’achever l’écriture de son troisième livre. Rencontre.
Qui êtes-vous en quelques mots ?
Gavin’s Clemente Ruiz, un prénom et un nom bizarres, normand d’origine avec du sang belge et espagnol dans mes veines, mais surtout parisien. J’adore Paris. J’ai 41 ans, et deux adorables garçons, Raphaël, 8 ans, et Elie, 2 ans. Et surtout une femme épatante qui accepte que je me lève aux aurores pour écrire, et que je laisse la lumière très tard la nuit pour terminer ce que j’ai commencé le matin !
J’écris et je voyage pour le Guide du Routard depuis 1999. J’ai d’abord commis des ouvrages de curiosités, puis j’ai essayé de relever le défi d’un ami. « Essaie d’écrire un roman ». J’ai essayé, ça marchait pas. Et je me suis cassé la jambe en 2015. Six semaines allongé… De quoi avoir envie de reprendre des textes commencés, jamais achevés. Je m’y suis mis. Je n’avais pas le choix ! Le jour où j’enlevais mon plâtre, j’ai reçu le SMS d’une éditrice : « on a lu, on a aimé, on veut vous voir ». C’est comme ça qu’est sorti mon premier roman « Comment papa est devenu danseuse étoile ? » chez Mazarine et au Livre de poche l’année suivante.
Quelle place occupe la lecture dans votre quotidien ?
Je grignote des bouts de textes quand j’écris. Je n’arrive pas à me plonger dans un texte quand je rédige. Sinon, en dehors de ces périodes, je lis tous les jours. De tout. Tout le temps. Des essais, de la philo, des mémoires, des biographies, des romans. J’adore Jean Echenoz, Christian Oster, Eric Holder, qui vient de disparaître, j’y reviens régulièrement. Et je lis mes copains qui publient. La pile de livres à côté du lit est tombée l’autre nuit…
Avez-vous des habitudes de lecture : un endroit préféré ? Un rituel ?
Aucun. Je peux lire partout, tout le temps, n’importe comment, assis, en travers d’un fauteuil (ma position préférée), en avion, en train, en voiture, dans le bus, des bateaux… Du bruit, du silence, peu importe.
Votre récent coup de cœur littéraire et pour quelles raisons ?
J’en ai plusieurs. Une autre Aurélia, de Jean-François Billeter (Allia). Le journal de deuil d’un homme, vraie déclaration d’amour à sa femme disparue.
Je parle à un homme qui ne tient pas en place, de Jacques Gamblin et Thomas Coville (éd. des Équateurs). L’histoire d’une amitié entre deux hommes. L’un tente de battre un record du monde à la voile en solitaire. L’autre est à quai et lui écrit. Puis ils correspondent pendant l’aventure. J’en ai encore des frissons. Gamblin, quel auteur. Quel homme. Ses mots me vrillent. Tout est dans la mesure. La justesse. Et j’aime les titres de ses ouvrages.
Les petits garçonsde Théodore Bourdeau (Arpège/Stock). Là encore une histoire d’amitié mais entre deux petits copains différents qu’on suit de l’enfance jusqu’à l’âge adulte. A Paris. C’est poétique, politique et juste. Un premier roman, c’est toujours émouvant. Et c’est réussi.
Comme à la guerrede Julien Blanc-Gras (Stock). Je lis Julien depuis ses débuts. Il est devenu un ami. Il a un style unique, mélange de tendresse et d’humour corrosif. Je me surprends à lire et à rire en même temps. Quel talent. Il continue sur sa lancée. Après la grande aventure des voyages, de la paternité, il nous introduit dans son histoire, notre Histoire. Julien est GRAND ! Un coup de déprime ? Lisez un livre de Julien Blanc-Gras.
L’écriture c’est quoi pour vous ? Que vous apporte-t-elle ?
C’est complètement fou ! Cela me permet de rendre compte de la réalité par la fiction. Un bon moyen de sortir ce qu’on a au plus profond de soi et de lui donner une forme, un ordre, un ton. Cela m’épuise, mais en même temps cela me construit. Je dois passer par là. C’est assez étrange, c’est assez grisant. Et que cela fasse écho chez des lecteurs, c’est encore plus fou. Magique même ! Après avoir fini un projet, je suis vide. Je mange, je dors, je lis, je regarde le monde tourner autour de moi, je fais du Crossfit, j’écoute de la musique, je me recharge. On danse dans le salon avec mes fistons. On met la musique à fond. Et ça repart. J’ai toujours plein de carnets pour noter des idées. Et des titres. Je pars toujours du titre !
De nouveaux projets en cours ?
Je viens de terminer mon 3eroman. Plus d’un an que les personnages étaient là. Mais ça ne venait pas. Et puis d’un coup, tout s’est mis en scène, ils se sont incarnés, se parlaient entre eux, se répondaient. J’étais le premier spectateur. C’est vraiment très très surprenant comme phénomène.
Sortie en poche de mon « Club des Feignasses » à l’automne 2019.
J’ai un projet de BD et de roman pour enfants aussi.
J’arrête jamais. Et je pense déjà au 4eroman. Eh oui. J’espère que ma femme ne lira pas ces lignes !!
Un mot pour les lecteurs de jadorelalecture.com pour finir ?
Merci Christelle et à vos lectrices et lecteurs de m’avoir suivi dans mes pérégrinations et mes mots. Vous n’imaginez pas le bonheur que c’est de recevoir vos retours de lecture. Ils sont précieux. Avec les Feignasses, j’ai eu des témoignages très forts. J’ai compris pour la première fois pourquoi j’écrivais. Pour les lecteurs. Aussi simple ! Alors un GRAND merci ! J’espère vous surprendre un peu plus encore à chaque fois !
Crédit photo : Vincent Bousserez.
Bel entretien 🙂