Vous avez rendez-vous avec Anne-Gaëlle Huon, déjà auteure de « Buzz » et « Le Bonheur n’a pas de rides« . Cette auteure pleine de pep’s revient au printemps avec un nouveau roman publié chez Albin Michel. Rencontre.
Qui êtes-vous en quelques mots ?
Auteur frénétique de listes, attendrie par les vieilles dames. Parfois, j’écris des romans.
Quelle place occupe la lecture dans votre quotidien ?
J’ai toujours un ou deux livres en cours. Je lis de tout, selon les questions qui me traversent, les pièces de théâtre que je vais voir et auxquelles les livres font parfois écho, selon les romans qu’on me recommande… Les bloggers d’Instagram sont les premiers responsables de la PAL immense qui occupe mon salon ! Pour moi, la lecture est autant une source d’inspiration qu’un refuge. Dans les moments un peu forts de ma vie, il y a toujours eu un livre. J’étais une enfant unique et hypersensible. Les livres m’apaisaient. Je me rappelle même du livre que je lisais le jour où mon mari m’a demandé en mariage. Je ne m’attendais tellement pas à sa demande que je me suis précipitée sous la couette avec mon bouquin pour tenter de calmer un peu les battements de mon coeur ! J’étais contente quand même, hein !
Avez-vous des habitudes de lecture : un endroit préféré ? Un rituel ?
Je lis au minimum une demi-heure tous les soirs, avant de dormir, et ce quelle que soit l’heure. Je sors souvent et me couche parfois très tard – même au milieu de la nuit, je lis quelques pages, toujours cette histoire de coeur qu’il faut ralentir un peu ! Et quand mon mari dort, je prends ma liseuse…
Votre récent coup de cœur littéraire et pour quelles raisons ?
Je viens de terminer « IDISS » et Robert Badinter. Il y raconte l’histoire de sa grand-mère, émigrée en France au début du siècle. A travers son histoire, on lit la grande, mais aussi sa tendresse particulière pour cette grand-mère qu’il a dû quitter dans des circonstances tragiques – celle de la France de la Seconde Guerre. J’ai aimé le mélange de détails du quotidien, ces petites choses qui s’inscrivent dans la mémoire des enfants, tout autant que l’hommage à la France que cette immigrée n’a jamais cessé d’aimer, même dans les heures les plus sombres.
L’écriture c’est quoi pour vous ? Que vous apporte-t-elle ?
L’écriture me permet de canaliser ce flot d’émotions qui m’assaille en permanence. J’ai longtemps eu honte de cette hypersensibilité, je n’étais pas très bienveillante avec moi-même. Je suis très empathique, les gens m’émeuvent sans que je m’y attende forcément et j’ai du mal à ne pas partager leurs sentiments. Des choses simples (une phrase, un paysage, un pigeon qui joue dans un caniveau…) vont provoquer en moi un tsunami. J’avais tendance à condamner ces sensations, à les dissimuler ou à les tourner en dérision (pour être très honnête c’est encore un peu le cas mais je m’améliore !). Comme les émotions ne peuvent pas être ignorées, c’est mon corps qui les exprimait vu que ma tête refusait de les entendre… J’ai fini plusieurs fois à l’hôpital pour des problèmes de ventre. Un bout de moi exigeait qu’on le respecte. Quand je me suis mise à écrire, j’ai vu ces maux disparaître brutalement. En publiant mon roman, je suis soudainement entrée en contact avec des inconnus qui me disaient avoir été émus, amusés, attendris à leur tour. Cela a été une vraie révélation. Tout à coup, on me donnait le droit d’être un peu plus sensible que je ne me l’étais autorisée jusque-là. Je pouvais être moi-même.
De nouveaux projets en cours ?
« Le Bonheur n’a pas de rides » sort au printemps au Livre de Poche, au même moment que mon nouveau roman qui paraîtra chez Albin Michel. J’ai hâte de vous en dire plus ! Beaucoup d’émotion en perspective, j’ai pas fini de me réfugier sous ma couette !
Et vous, êtes-vous assez bienveillants avec vous-même ? Ne vous excusez jamais de ce que vous ressentez. Une bise aux amoureux des livres, aux émotifs anonymes et bien sûr à Christelle.