Le résumé
« La vérité, c’est : je t’ai tuée et c’est tout. J’ai sans doute pas raison. Je regrette rien, et c’est mal.»
Ils se sont rencontrés à la piscine. Ils se sont aimés pas longtemps. Ils se sont acheté une maison. Il n’a jamais cessé de subir et malgré tout un enfant est né. Il n’était pas vraiment un homme battu : pas de bleus, rien de visible. Et pourtant des coups il y en a eu.
Alors on se demande pourquoi il est resté.
Mon avis
Un gros coup de coeur pour ce roman. C’est très bien écrit. Dès les premières pages, je dirais même les premières lignes, le style et le rythme sont donnés. Des phrases très courtes, incisives. Un rythme de narration et une manière d’écrire qui vous plonge en apnée.
Ces phrases courtes, saccadées, décrivent parfaitement l’ambiance irrespirable pour cet homme qui sera dominé, manipulé, nié dans sa masculinité, réduit à presque rien par son épouse, pendant quinze ans. Quinze ans à s’effacer, à se rabougrir, à fuir ses amis… à ne plus exister pour juste avoir avoir la paix avec celle qui partage sa vie. Partager est un mot excessif dans ce cas. Puisque fait, cette femme l’humilie, le rabaisse en permanence, le réduit à néant.
Une relation toxique
Du moindre petit plaisir à sa plus grande passion, l’écriture, elle lui interdit tout, dicte, dirige tous ses faits et gestes, le ramassage des feuilles, la tonte du gazon… Elle lui interdit de pleurer son père décédé, d’avoir des gestes de tendresse pour ses parents, de voir ses amis, d’aller à la piscine, d’aller courir. Elle, s’autorise tout.
Odieuse, inhumaine, violente verbalement, dangereuse ? En une phrase : elle le possède et le broie. Lui repousse toujours le moment de la quitter. Il part donc quelques jours, se confie à son meilleur ami.
Son emprise déteint même sur leur fille. Manipulation, humiliations à répétition, elle nie en permanence son droit d’exister en tant qu’être humain à part entière et surtout avec son droit aux différences.
C’est un roman percutant, difficile car il décrit parfaitement bien les travers d’une femme extrême dans son côté possessif. Le mot jalousie ne suffit même pas.
Et surtout, Claire Castillon décrit les dégâts irrémédiables sur cet homme qui ne parvient pas à se reconstruire, à aimer de nouveau même après la disparition de sa femme. Elle l’aura poussé à l’extrême. L’auteur conduit son histoire avec froideur, détachement et c’est fort, très fort même.
Un portrait de femme toxique, admirablement écrit par une femme, où l’homme est la victime.