Le résumé
Sous sa façade respectable, Vincent Madigan, mauvais mari et mauvais père, est un homme que ses démons ont entraîné dans une spirale infernale. Aujourd’hui, il a touché le fond, et la grosse somme d’argent qu’il doit à Sandià, le roi de la pègre d’East Harlem, risque de compromettre son identité officielle, voire de lui coûter la vie. Il n’a plus le choix, il doit cette fois franchir la ligne jaune et monter un gros coup pour pouvoir prendre un nouveau départ. Il décide donc de braquer 400 000 dollars dans une des planques de Sandià. Mais les choses tournent très mal, il doit se débarrasser de ses complices, et un enfant est blessé lors d’échanges de tirs. Comble de malchance, le NYPD confie l’enquête à la dernière personne qu’il aurait souhaité. Rongé par l’angoisse et la culpabilité, Madigan va s’engager sur la dernière voie qu’il lui reste : celle d’une impossible rédemption.
Jamais l’expression d’anti-héros n’aura été aussi pertinente. Avec ce portrait passionnant et sans concession, R. J. Ellory creuse au plus profond de la conscience d’un homme au cœur sombre pris dans une spirale de violence, pour tenter d’en faire resurgir toute l’humanité enfouie. Le bien et le mal, l’innocence et la culpabilité sont en effet si intimement mêlés en Vincent Madigan qu’il lui est devenu presque impossible de les distinguer. D’une écriture si puissante qu’on la ressent physiquement, ce long blues, aussi déchirant qu’une chanson de Tom Waits, aussi maîtrisé qu’un film de James Gray, réserve à son lecteur de tels rebondissements qu’il serait criminel d’en dévoiler plus ici.
Mon avis
C'est le premier livre de RJ Ellory que je découvre. J'étais ravie de pouvoir le rencontrer avant de me lancer ensuite dans la lecture de l'un de ses polars. Il avait très bien expliqué comment il écrit, comment il crée une ambiance et ses personnages. Pourtant, je n'ai pas été happée dès les premières pages. Vincent Madigan est plutôt repoussant. Quel est son moteur ? Je dirais juste survivre et sortir d'une embrouille par une autre embrouille jusqu'à l'impasse… Mais rien ne l'arrête, pas même le meurtre. Alors oui, il a bien une conscience quelque part mais la distinction entre le bien et le mal ne serait-ce que par respect pour sa fonction semble bien loin. Même l'existence de ses enfants, finalement loin de lui, ne parvient pas à le secouer et à le faire revenir en quelque sorte dans le droit chemin. Il est trop empêtré dans ses difficultés. J'ai bien aimé l'alternance d'un chapitre du polar avec un chapitre sur son auto-analyse. On sent bien qu'il est tiraillé par l'espoir d'une vie meilleure mais il n'a juste pas l'énergie pour essayer. Il est trop ankylosé par son passé, ses dépendances, ses travers et ses relations mafieuses.
Au final, j'ai quand trouvé ce polar un peu long.
On plonge dans la noirceur la plus profonde de l'être humain au fil des pages. Un mensonge en efface un autre et finalement c'en est trop. Et même le sursaut pour tenter de revenir dans la vraie vie avec honnêteté est finalement trop difficile à réaliser.