En garde d’Amélie Cordonnier vous met sous tension du début à la fin, à l’instar des personnages de ce roman. Le récit d’une famille scrutée par la Protection de l’Enfance suite à une dénonciation.
En garde, Amélie Cordonnier choisit pour son quatrième roman de plonger son lecteur dans le quotidien d’une famille qui subit une enquête de la Protection de l’Enfance suite à une dénonciation…
Effarant, effrayant, stupéfiant… Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier l’horreur que vit cette famille, a priori normale. Un père, une mère, un adolescent et une fillette. Tous vivent dans un bel appartement au coeur de Paris. Trois ans après les faits, Amélie Cordonnier prend sa plus belle plume pour raconter et surtout remonter le fil d’une histoire pas ordinaire.
En garde, une dénonciation et l’horreur surgit
2020, un appel est passé à la protection de l’enfance pour signaler de la maltraitance concernant deux enfants. Une enquête est diligentée et un courrier adressé aux parents. Stupeur à la réception dudit courrier qui indique une convocation. On croit à une mauvaise blague. Et pourtant… ce n’est que le début d’une sombre période pour cette famille unie.
Elle vit une véritable dégringolade et les parents sont remis en question au plus profond de leur être. Leur intimité est scrutée, leur quotidien décortiqué, tout passe à la moulinette de deux femmes lors d’un entretien avec les enfants. Puis ces deux derniers sont entendus ensemble et sans leurs parents. Cela dure longtemps, très longtemps…
Amélie Cordonnier dont j’apprécie l’écriture depuis ses débuts d’auteure avec Trancher écrit les mots et les maux, décrit la douleur, l’incompréhension, le doute, les questionnements. Peu à peu, tous les quatre perdent les repères de leur quotidien jusqu’alors bien rôdé, les petits moments de complicité avec leurs enfants. Le naturel disparaît car un intrus s’immisce de plus en plus fréquemment chez eux. Ledit inspecteur s’imprègne, se glisse dans leur vie, tisse une pseudo-complicité avec les enfants. Les parents se sentent isolés, éloignés de leurs propres gamins.
Une écriture qui tranche
Tous leurs repères volent en éclats, ils sont remis en question dans leur rôle de parents… C’est l’horreur absolue, la chute, le mal-être, ils sont épiés en permanence. Leur vie privée n’existe plus. Poussés à bout, ils sont jugés par ce regard et ces attitudes inquisitrices de ce sinistre individu qui va jusqu’à dormir dans leur salon. Plus aucune parcelle d’intimité ne subsiste. La famille est dépossédée de sa vie. Ils font l’objet d’une expérimentation, supposée protégée les enfants de parents maltraitants. Mais qu’ont-ils fait pour que les vie bascule du jour au lendemain dans une telle horreur ?
Avec une plume toujours aussi juste, tranchante, efficace, Amélie Cordonnier tient son lecteur en haleine. Le rythme est soutenu, le lecteur en apnée. Elle nous plonge dans l’intimité du couple, de la famille, des relations familiales. Quand cette mascarade va-t-elle cesser ? Le roman vous met totalement sous tension, vous êtes au coeur de cette famille dévastée. Une histoire effrayante, révoltante écrite avec une plume fine et ciselée.
4e de couverture En garde
La narratrice de ce roman a promis à ses enfants et à son mari de raconter ce qui a déchiré leur vie de longs mois durant. Trois ans après les faits, Amélie Cordonnier tient parole et remonte le temps jusqu’à ce jour où tout a commencé. Il y a d’abord eu un courrier, pris pour une mauvaise plaisanterie.
Alertée par un appel pour maltraitance, la protection de l’enfance la convoquait en famille à un rendez-vous visant à s’assurer que son fils et sa fille étaient bien en sécurité dans leur foyer. Un simple coup de fil, de surcroît anonyme, pouvait donc provoquer l’envoi d’une lettre officielle vous mettant en demeure de démontrer que vous êtes de bons parents? Oui. La machine était lancée, et rien ne semblait devoir l’arrêter. Car comment prouver qu’on aime ses enfants?
Dans 𝙀𝙣 𝙜𝙖𝙧𝙙𝙚, Amélie Cordonnier continue d’explorer ce qui se passe – et se cache – dans l’intimité familiale. Elle met en scène l’étau qui se resserre autour d’une famille sous surveillance, dans une course aussi effrayante qu’haletante.
La fiche du roman
- 23 août 2023
- Flammarion
- 130 x 210 mm
- 240 pages