Lire Désenchantées de Marie Vareille, c’est repartir au temps des années collège quand les amitiés se tissent à la vie, à la mort. Une intrigue fort bien ficelée que vous ne lâcherez pas une fois commencée.
Marie Vareille consacre son nouveau roman à l’amitié mais aussi à la construction d’adolescentes au collège.
L’amitié c’est un lien précieux qu’il faut entretenir au fil des ans. Et des amitiés nées dans l’enfance et au collège sont un atout précieux pour avancer sur son chemin de vie. À cette époque de l’adolescence, on accorde souvent son amitié à la vie, à la mort avec le besoin de se confier, d’accorder sa confiance et de ne surtout pas être trahi. J’ai presque envie de dire que c’est tout noir ou tout blanc, pas de compromis dans les amitiés adolescentes.
Désenchantées mais solidaires
Désenchantées nous fait découvrir Sarah et Angélique. Ces deux enfants ont eu une vie déjà bien cabossée. Chacune manque de repères et d’amour. Leur rencontre sonne comme une évidence et bien qu’issues de milieux sociaux très différents, elles nouent un lien très fort. De l’enfance à l’adolescence, elles sont fusionnelles. Mais la nouvelle belle-mère de l’une va tout faire pour les séparer, imposant des diktats sur l’apparence, les relations et finalement la position sociale. Progressivement leurs chemins se séparent… Là où leur complicité dominait, le silence devient roi.
Et puis Sarah Leroy a subitement disparu à l’âge de 15 ans. Personne n’a jamais su vraiment ce qu’il s’est passé. À partir de cette intrigue, Marie Vareille construit un roman à deux temporalités. On va suivre Lilou, une jeune adolescente élevée par son père et sa belle-mère, Fanny. Cette dernière devenue journaliste va être contrainte de revenir sur les lieux de son enfance et à enquêter sur cette mystérieuse disparition. Pourtant, elle va devoir renouer avec son passé alors qu’elle l’aurait bien laissé enseveli.
Désenchantées : deux temporalités
En alternance, on lit d’autres chapitres sous forme de journal, dont vous n’identifierez pas vite l’auteur et on replonge à l’époque du drame. Les points de vue alternent pour le plus grand bonheur du lecteur. L’auteure passe au crible les différents membres de cette bande de filles Désenchantées, pour lesquelles l’amitié et les serments comptent plus que tout et à jamais. Cette lecture est intéressante car elle positionne le lecteur tantôt aux côtés de deux femmes, voire trois… et de ces mêmes personnages vingt ans plus tôt.
Tout est très bien décrit sur la manière dont chacun, chacune se construit à cette période charnière. Comment devient-on populaire ? Comment se faire aimer ? Comment se faire respecter aussi ? Marie Vareille évoque le deuil, les parents absents, le harcèlement, le viol et surtout l’amitié. Elle dresse aussi deux portraits de relation belle-mère/belle-fille forts intéressants.
Désenchantées est un roman qui émeut, interroge mais il suscite aussi la révolte. Marie Vareille a parfaitement réussi à nous replonger dans les années 90 avec les tendances vestimentaires, la musique, l’ambiance. Un plaisir de lecture ! Ses personnages n’en sont que plus vivants et attachants. Désenchantées, c’est une histoire savamment orchestrée jusqu’au final bluffant ! Je vous le recommande.
Quatrième de couverture
La disparition de Sarah Leroy, quinze ans, a bouleversé la petite bourgade de Bouville-sur-Mer et ému la France entière. Dans chaque foyer, chaque bistrot, on élaborait des hypothèses, mais ce qui est vraiment arrivé, personne ne l’a jamais su.
Vingt ans plus tard, Fanny revient sur les lieux de ce drame qui a marqué sa jeunesse. Et c’est tout un passé qu’elle avait préféré oublier qui resurgit… Car l’histoire de Sarah Leroy, c’est aussi un peu la sienne, et celle d’une bande de filles qui se faisaient appeler les « Désenchantées ». Une histoire qui a l’odeur des premières cigarettes et du chlore de la piscine municipale, des serments d’amitié et surtout, des plus lourds secrets.
Avec finesse et un vrai sens du suspense, Marie Vareille met à nu les rouages de l’amitié féminine dans un roman d’apprentissage captivant et rempli d’émotion.
La fiche du livre
- 17 mai 2022
- Éditions Charleston
- 320 pages
- 230 x 140 mm
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À propos de Marie Vareille
- https://marievareille.com
- Interview sur le blog en 2019