Raisons obscures d’Amélie Antoine fait froid dans le dos. Mais le roman décrypte fort bien les mécanismes psychologiques du harcèlement. J’étais comme en apnée au fur et à mesure de cette lecture, ô combien émouvante.
Deux parties dans Raisons obscures d’Amélie Antoine. L’auteure a choisi de livrer cette histoire selon deux points de vue.
Dans la première partie, on découvre l’histoire de deux familles du côté des adultes.
Les Mariani vivent vit ici depuis longtemps. Claire a changé d’orientation professionnelle pour s’épanouir pleinement tandis que Frédéric subit une mise au placard et décide de cacher cette réalité si dégradante. Leur fille doit affronter la maladie. Elle est diagnostiquée diabétique et accepte mal cette différence. Elle la voile aux yeux de tous et surtout de ceux qu’elle côtoie au collège. Complexée par son cathéter et ses injections, elle vit très mal sa maladie. Son jeune frère, Clément, se fait du souci pour elle mais il vit aussi un peu dans sa bulle d’enfant très sensible et intelligent.
Une histoire sous tension
Les Kessler viennent de s’installer dans la même ville. Laeticia a démissionné de son poste à l’hôpital pour s’installer infirmière libérale. Un nouveau départ professionnel pour elle, a priori un nouveau départ aussi pour la famille. Yanis son époux l’a encouragée. Ici trois enfants : Marjorie, Orlane et Ezio.
Dans la première partie de Raisons obscures, Amélie Antoine s’attache à dresser un portrait précis de ces deux familles qui semblent avoir tout pour être heureuses. Oui mais voilà dans chacun des couples, le mensonge se fraie une place de choix. Adultère pour les uns, dégringolade professionnelle chez les autres. Chacun essaie de se protéger, d’avancer…
Adolescents : des êtres fragiles
Au milieu, il y a les enfants, leurs souffrances, l’adolescence, la construction d’êtres fragiles.
Dans la seconde partie, Amélie Antoine place le point de vue du côté des adolescentes. Et là, le récit devient dur, frappe fort. On y découvre la souffrance, l’isolement, l’envie d’exister, de se faire une place parmi les autres au collège. Une jungle impitoyable.
Là le roman vous glace le sang. La souffrance conduit l’une à dicter l’innommable. L’auteure décrit tous les mécanismes du harcèlement scolaire. C’est affreux et tellement réaliste en même temps. Effroyable !
La plume d’Amélie Antoine est juste, efficace et toute en sensibilité pour nous livrer ce roman pourtant si difficile. Vous ne ressortirez pas indemnes de cette lecture. Mais elle vaut vraiment, mais alors vraiment le coup.
Quatrième de couverture
D’un côté, les Mariani.
De l’autre, les Kessler.
Pour les deux familles, la même routine : l’ennui au quotidien, les voisins trop bruyants, la dépression qui rampe, l’adultère qui menace… Rien de bien grave, en fait, mais pendant ce temps, on ne voit rien. On n’a rien vu. On n’entend rien. Rien entendu.
Il n’est pas de victime sans bourreau.
Ni de martyr sans silence.
La fiche du livre
- 2 juillet 2020
- Éditions Pocket
- 432 pages
- 110 x 170 mm
Je l’ai déjà lu trois fois. Le style est tellement hypnotique qu’on ne peut lâcher le livre qu’une fois terminé. Amélie nous fracasse. Merci pour cette jolie chronique, en espérant que cela n’arrive plus jamais. 🤞😘
Merci à vous belle journée