Le résumé
Un polar haletant signé Anne-Marie Gaignard
On y retrouve les démons de l’auteure et les souffrances vécues sur les bancs de l’école, fantômes du passé qui ressurgissent au présent.
« Ce soir, allongé dans mon lit, je suis mort de peur, mort dans ma tête et dans mon cœur. Je ne vis plus, je subis. J’ai trente-huit ans et je suis toujours là. Je n’ai plus goût à rien. Je ne ris plus, je ne dors plus. Je hais le monde, je voudrais mourir. »
Cette terrible souffrance qui ronge Lucien est née insidieusement sur les bancs de l’école, 27 ans plus tôt. Madame Geneviève, son institutrice, avait mis au point une série de rituels sadiques pour l’humilier. Ses victimes se comptent d’ailleurs par dizaines et chacune a refait sa vie avec une rancune tenace envers la vieille maîtresse. Lorsque celle-ci est retrouvée morte dans sa chambre de l’EHPAD, Éric Javel, Capitaine de la Brigade de recherche, doit faire face aux fantômes vivaces d’un passé dé-composé.
Mon avis
Un polar où chaque pièce du puzzle se met en place progressivement. J’ai apprécié l’intrigue et la diversité des personnages.
Ce qui transparaît le plus dans ce polar c’est la souffrance infligée à des enfants au prétexte qu’ils ne maîtrisent pas l’orthographe et la grammaire.
Leur erreur ? Commettre d’innombrables fautes.
Leur punition sur les bancs de l’école ? Des humiliations toutes plus destructrices les unes que les autres. La honte vis-à-vis de leurs camarades. La difficulté à se construire sur ces humiliations et bien entendu, l’insondable manque de confiance en eux. Sont-ils capables d’exercer les métiers dont ils rêvent, d’endosser la vie professionnelle à laquelle ils se destinent.
Réussir et se venger
Au travers des parcours de ces multiples enfants détruits par une institutrice sans remords, on découvre une galerie de personnages à la rage de réussir démultipliée. Ils sont tous, finalement, des êtres reconnus pour leur talent. Et cela, malgré cette mauvaise personne qui a laissé des séquelles indélébiles dans leur être profond. Ils se sont aussi éloignés du petit village de leur enfance, pour probablement oublier ou en tout cas mettre à distance leur souffrance.
Mais les séquelles ont aussi probablement altéré le jugement et nourri le désir de vengeance.
Une intrigue intéressante et surtout ô oui surtout, cette histoire incite à la tolérance. Mais ce polar montre comment humiliation peut finalement conduire à l’irréparable.