Les mauvaises épouses, le nouveau roman de Zoe Brisby ? Ouah !!! Vous prendrez une dose de ce savoureux cocktail ? Bombe atomique, essais nucléaires, ville parfaite, femmes au foyer… dans les années 50 aux États-Unis. Ce roman c’est une déflagration. L’histoire se dévore à la vitesse de l’éclair sur fond d’émancipation féminine. Passionnant, haletant et tellement bien documenté ! J’étais à Artemisia Lane et j’ai adoré !
Zoe Brisby a vraiment un sacré talent pour se renouveler de roman en roman. Ici, elle nous plonge au coeur des années 50 dans une ville aux allures de perfection, proche de Las Vegas, dans le désert du Nevada. Tout est aligné, les pelouses, les intérieurs et surtout les femmes ne doivent surtout pas faire de vagues. On est en pleine guerre froide et l’auteure s’intéresse à la condition féminine à cette époque.
Peuvent-elles devenir de mauvaises épouses ?
Summer c’est la bonne petite ménagère américaine qui se soumet à tous points de vue. Elle rencontre sa nouvelle et atomique voisine, Charlie. Celle que toutes détestent à visage ouvert sans la connaître à Artemisia Lane. Pourtant certaines l’admirent à mots couverts. Charlie ose des tenues vestimentaires inhabituelles comme si elle s’affranchissait de tous les codes. Mais Charlie dissimule aussi un secret et elle a soif de liberté. Summer bouillonne elle aussi. Même si elle se soumet et n’ose certainement pas se révolter contre les us et coutumes à Artemisia Lane, elle aspire à une vie où elle pourrait exister, s’exprimer, être autorisée à réfléchir et faire valoir ses opinions, sans rester dans l’ombre de son mari.
À Artemisia Lane, on replonge un peu dans Desperate Housewives car toutes les femmes, ou presque, sont le portrait craché de Bree Van de Kamp. Il y a Lucy, autoproclamée modèle à imiter sans retenue. La Madame perfection. Charlie, désirable, incandescente, forte, indépendante mais…
Le joug des apparences
Summer, épouse soumise, veille à tout faire correctement mais elle étouffe dans ce costume de parfaite épouse d’Edward, directeur scientifique de la base militaire NTS. Elle se révèle, sort de sa coquille au contact de Charlie.
Dans le pays, la menace nucléaire est, régulièrement, brandie. Zoe Brtisby narre très bien les conditions de vie à cette époque aux États-Unis. Elle décrit les Ava,ncées scientifiques aussi les leurres rabâchés à la population des zones d’essai au coeur du Nevada. C’est glaçant !
Dans ce roman, les hommes sont en quête de reconnaissance professionnelle sur la base militaire. Ils veulent développer leur influence et leur autorité. La hiérarchie professionnelle conditionne aussi la hiérarchie sociale à Artemisia Lane. Les femmes s’efforcent d’être de bonnes maîtresses de maison, de recevoir à la perfection les uns et les autres. Tous pensent agir pour le bien de la nation, en toute sécurité. C’est effrayant de voir à quel point des êtres humains ont pu être ainsi manipulés par le pouvoir politique en place…
Au milieu de tous ces gens, il y a Summer qui doute de ce qui l’entoure, à commencer par les effets nuls des essais nucléaires conduits aux portes de chez elle. Elle souffre de ne pouvoir confier ses doutes à quiconque.
S’autoriser à être libre ?
Elle va se lier peu à peu mais surtout en secret à Charlie, sa nouvelle voisine. Cette dernière paraît indépendante, rebelle, non conformiste et sensuelle. Avec ses escarpins rouges, elle semble n’avoir que faire des ragots de la communauté locale. Les deux femmes vont se se rapprocher car Summer entend des cris venus de chez sa voisine. Elle les entend quand les autres préfèrent les ignorer. Charlie va devenir un détonateur dans la vie de Summer. Elle l’autorise à rêver. Auprès de Charlie, Summer ose s’affranchir des apparences, même si ça reste dans le secret.
Elles sont deux femmes face à la société. Elles espèrent une condition meilleure se projettent. Elles envisagent pour elles un autre avenir. Mais pourront-elles aller au bout de leurs rêves et être libres ?
J’ai aimé tous les personnages féminins dans Les mauvaises épouses. Ils sont tellement bien décrits qu’on les voit défiler devant nos yeux en lisant les pages. Mrs Burns, cette vielle dame, douce, discrète mais aussi lucide va être un précieux soutien pour Summer. La détestable Lucy apporte une bonne dose d’agacement et c’est plaisant. J’ai évidemment adoré Summer et été touchée par le secret de l’incandescente Charlie.
Zoe Brisby nous offre un roman sensible qui dénonce la réalité des essais nucléaires, dans le Nevada. C’est aussi surtout à mon sens une magnifique description de la condition féminine des année 50 aux États-Unis avec le désir d’émancipation, les violences conjugales, le joug des apparences… J’ai adoré ce roman palpitant qui résonne comme une bombe dans un univers où tout devait être parfait, même la porte de la maison fermée.
4e de couverture Les mauvaises épouses
Summer ira peut-être en enfer mais elle ira avec Charlie…
Las Vegas, 1952 : Elvis, Marilyn, l’Amérique en pleine guerre froide. Summer et son mari vivent dans le désert du Nevada une base militaire chargée d’étudier la bombe atomique. A chaque lancer, ils sont aux premières loges et il n’y a que Summer pour ne pas savourer le spectacle. En bonne épouse, elle joue le jeu et organise des apéritifs atomiques.Sa docilité volera en éclat avec l’arrivée d’une autre bombe sur la base, Charlie. Elle est tout ce que Summer n’est pas : forte, indépendante et sensuelle… Tandis que les hommes s’extasient sur le miracle de la science et la puissance de l’Amérique, Summer et Charlie décident de prendre en main leur destin.
La fiche du roman
- 1er mars 2023
- Éditions Albin Michel
- 140 x 200 mm
- 336 pages
Les autres romans de Zoe Brisby
- Les égarés paru en 2022
- Plus on est de fous…
- Le syndrome de l’hippocampe
- L’habit ne fait pas le moineau