Un abri de fortune d’Agnès Ledig vous met du baume au coeur. Qu’il est douillet de se blottir dans ce roman ! Bienveillance, tolérance, humanité et reconstruction sont les mots qui caractérisent cette histoire.
Agnès Ledig a un don pour créer des personnages attachants. Ils sont toujours emplis d’humanité et de bienveillance, en tout cas ses personnages principaux. D’autres se font plus discrets à l’instar de Jean, ce vieil homme assis sur son banc, avare de mots et si fin observateur. Il veille… Dans le bon sens du terme.
J’ai beaucoup aimé retrouver Capucine et Adrien, ces deux jeunes gens que la vie a abîmé (voir La toute petite reine). Mais Un abri de fortune n’est pas une suite. Il peut tout à fait se lire de manière indépendante.
Capucine et Adrien sont allés au bout de leur projet en restaurant une vieille habitation au coeur des Vosges et surtout au coeur de la nature. Ils ont créé un lieu dans lequel ils offrent une chance de se reconstruire, à des êtres meurtris par la vie . Que j’aime cette idée ! J’aurais par exemple adoré pouvoir me réfugier dans un lieu de ce type après mon burn out. Prendre le temps, profiter des bienfaits qu’offre la nature, observer, aider, s’entraider. Un abri de fortune c’est donc dans cette maison qu’Adrien et Capucine accueillent leurs premiers pensionnaires. Séjourner aux Censes perdues, c’est découvrir les autres, respecter autrui et pouvoir s’accorder une pause pour mieux se reconstruire.
Ici le calme, la solitude et l’isolement sont possibles mais sans barrière.
Un abri de fortune pour se reconstruire
Capucine et Adrien accueillent donc trois pensionnaires. Rémy, Clémence et Karine. Les uns et les autres n’ont pas le même âge mais ensemble ils vont devenir les béquilles les uns des autres. Ils ne se connaissent pas mais vont apprendre à tisser des liens, à s’apprivoiser, à refaire confiance et surtout à aimer. Ils apprendront aussi des êtres qu’ils rencontrent aux Censes perdues et aux alentours. Chacun soigne ses failles, apprend à mieux les contourner et surtout à vivre avec.
Mais que j’ai aimé ce roman ! J’étais dans un cocon de douceur. Il est tellement empli d’humanité et de bienveillance. C’est aussi un ode à la tolérance car chacun peut vivre des accidents de parcours sans que l’on le laisse ad vitam aeternam dans une case.
Un abri de fortune permet à Rémy, Clémence et Karine de se reconstruire. Peu à peu chacun va se dévoiler aux autres. Mais aucune règle ici pour dire d’où l’on vient, raconter son histoire. Ils vont choisir le moment qui sera le bon pour eux, moment où ils feront le pas pour se confier. Capucine et Adrien veillent à leur bien-être, sans jugement. Ils offrent une seconde chance. Une chance de se réconcilier avec la vie, de croire que l’on peut être heureux, même après avoir été profondément blessé, trahi, puni…
Un abri de fortune, un refuge
Un abri de fortune est un refuge pour les personnages de cette histoire mais aussi pour le lecteur. Le roman d’Agnès Ledig lui permet de transmettre son amour de la nature, ses bienfaits. En lisant, j’étais aux Censes perdues. Je respirais l’air des Vosges, j’avais sous les yeux les bois, les prairies, les reliefs. J’étais assises sur le banc aux côtés de Jean… Bref vous l’aurez compris, entrez dans ce roman et vous serez immergé dans un cocon.
Tout n’y est pas rose, loin de là. Agnès Ledig dessine le portrait d’êtres vraiment cabossés. Elle aborde alors des thèmes difficiles comme le syndrome post-traumatique, les violences conjugales, l’incarcération, la violence, l’alcoolisme, le burn out, les avortements clandestins quand l’acte n’était pas encore légalisé, la liberté des femmes… Mais l’amour vient panser toutes ces plaies : l’amour en couple, l’amour de la nature, l’amour que l’on a le droit de se porter…
C’est un roman riche, doux, à lire absolument. De la douceur, des émotions, une plume qui sait saisir ce qui fait l’essence des êtres et… la nature dans toute sa splendeur.
4e de couverture Un abri de fortune
« Avec un peu d’amour, on fait de grandes choses. En deux années, mes voisins ont transformé cette bâtisse vosgienne à l’abandon en refuge. Du haut de mon banc et de mon grand âge, je viens chaque jour guetter les changements. Les trois premiers locataires sont aussi cabossés que moi. Un homme qui se remet d’un geste irréparable, une gamine fragile comme un moineau et une femme camouflant la misère sous sa légèreté. Je savais qu’au contact des arbres, des bêtes et du jardin, ils allaient oublier leurs peines et s’offrir un nouveau destin. Quand ils ont fait cette découverte dans les taillis et qu’ils se sont mis à remuer le passé, je me suis demandé jusqu’où tout ça allait les mener. Eh bien, vous allez être sacrément surpris… » Jean
À propos d’Agnès Ledig
Installée en lisière de forêt, Agnès Ledig puise son inspiration dans la biodiversité, convaincue des bienfaits de la nature sur les émotions humaines. Avec la sensibilité qui confère à son écriture une force rare, elle nous invite ici à revenir aux sources du vivant. (Source : Editions Albin Michel)
La fiche du roman
- 1er février 2023
- Éditions Albin Michel
- 140 x 200 mm
- 368 pages