Une simple histoire de famille d’Andréa Bescond est un roman addictif. J’y ai plongé et ne l’ai lâché qu’une fois la dernière page tournée… Lu en une après-midi et j’ai adoré.
Plongez dans la lecture d’Une simple histoire de famille d’Andréa Bescond et vous n’arrêterez qu’une fois le livre terminé, je vous le garantis ! La réalisatrice et auteure du film Les Chatouilles, ce drame autobiographique sorti en 2018, révèle ici une plume tout aussi juste, percutante, précise. Elle dissèque avec finesse les relations familiales et intergénérationnelles avec un talent certain. C’est son premier roman mais j’espère déjà qu’elle en écrira d’autres, c’est vous dire !
Avertissement : j’ai écrit cette chronique d’une traite m’inspirant des émotions ressenties. J’avais posé les mots dans un carnet avant de la mettre en forme ici. Alors attention, peu-être ai-je un peu spoilé… Mais je ne crois pas.
Une simple histoire de famille, c’est le roman dans lequel trois générations vont s’entrecroiser : Louisette, une jeune femme dans les années 60, Hervé, un père de la génération suivante et Lio, sa fille bientôt 20 ans.
Une simple histoire de famille… le poids des secrets
Il est indéniable que notre histoire familiale façonne les êtres et surtout les adultes que nous devenons. Elle marque chacune et chacun de façon irréversible, avec les petits bonheurs mais aussi les malheurs et… les secrets ! Bien cachés, sciemment dissimulés, chaque famille recèle ses secrets. Mais pourquoi les cacher ou les taire ? Pour protéger ? Par honte ? Les secrets : voilà le thème-phare du roman.
Une simple histoire de famille, c’est le roman dans lequel trois générations vont dire stop aux secrets pour peut-être atteindre le bonheur et surtout l’épanouissement, enfin ! Certains dans ce roman disent stop aux malheurs, à la honte et aux tragédies familiales. Andréa Bescond que l’on connaît pour ses posts engagés sur Instagram visant à dénoncer les violences conjugales, les violences faites aux femmes… se saisit du sujet et le glisse dans son roman. Un autre thème fort donc que celui des violences conjugales. Mais ce n’est pas le seul évidemment.
Être une femme…
Une simple histoire de famille évoque aussi la condition féminine dans les années 60 et plus tard également. Une génération de femmes où dans le modèle du couple la femme était sous l’autorité de l’homme. Elle n’avait souvent pas encore le droit de disposer de son corps et donc d’avoir recours à l’avortement de manière légale… La condition féminine, un fil rouge de cette histoire car Andréa Bescond en parle avec tous ses personnages féminins qui jalonnent ces trois générations : une grand-mère, une mère, une fille.
Ce roman aborde le deuil, l’amour éperdu, celui dont on ne se remet que très difficilement quand l’être cher disparaît. L’auteure parle d’amour également : l’amour filial, la relation mère-fils, la relation père-fille et enfin la relation mère-fille évidemment. Je vous l’ai dit, elle dissèque la famille dans tous les sens du terme et c’est passionnant, addictif.
Ses personnages sont tous attachants. Hervé : une nature sensible, les émotions à fleur de peau. Il vit ou survit après le décès de son grand amour alors que leur fille, Lio, était encore enfant.
Remonter le fil d’une simple histoire de famille
Cette dernière va décider de remonter le fil de l’histoire familiale et surtout maternelle quand elle reçoit le cadeau de ses vingt ans. Là je ne vais pas en dire davantage… mais ayez le coeur accroché. J’ai beaucoup aimé ce personnage de jeune fille révoltée qui va aller à l’encontre de tous les secrets pour découvrir qui était sa mère et finalement se révéler aussi à elle-même. Découvrir le passé et l’histoire de sa mère se révèle une véritable bombe dans l’existence de la jeune femme. Elle en arrive à se nourrir d’une soif de vengeance…
Violences, abus… tout a été caché et elle va décider de tout faire voler en éclats, car il manque une pièce à son bonheur. Elle cherche éperdument à combler ce manque et se cherche aussi par la même occasion.
Hervé, son père, découvre quant à lui un lourd secret de famille à l’aube du décès de sa mère, Suzanne. Elle en dit un peu et s’éteint avant d’avoir pu, voulu, osé ? lui révéler toute l’histoire. Cet homme est malheureux, en colère. Il lui en veut d’avoir gardé le silence si longtemps. Il ira même jusqu’à fuir Suzanne avant qu’elle n’ait le temps de lui raconter, de se faire pardonner… et qu’il comprenne toutes les raisons de ce silence choisi.
Vivre avec les secrets
Dans les secrets, il y a celui qui tait, celui qui ignore. Mais il y a aussi toutes les raisons qui font que la personne choisit de garder le secret. C’est une situation bien plus complexe qu’il n’y paraît. Dans Une simple histoire de famille, j’ai trouvé qu’Andréa Bescond excelle dans la manière de décortiquer ces différents aspects du secret de famille. Et c’est ce que j’ai adoré dans ce livre. Un roman avec une fine analyse.
Hervé va ensuite chercher qui pourrait lui révéler toute l’histoire familiale. C’est une quête que l’on a quand plus personne n’est encore là pour vous raconter. Pour transmettre l’histoire familiale avec ses bonnes et ses mauvaises facettes.
Une simple histoire de famille ? Le roman souligne l’effet néfaste du poids des secrets dans la construction d’un être. Mentir, omettre, dissimuler pour protéger. Quel choix faire ? pour protéger ceux que l’on aime, les faire moins souffrir… Encore une fois, chaque être est différent et on ne peut pas se mettre à la place de l’autre et appréhender, accepter comme elle ou lui, une histoire de famille.
Aimer et protéger
Deux femmes se sont protégées mutuellement durant toute leur vie dans Une simple histoire de famille. C’est magnifique !
Mais que j’ai aimé les parcours de vie de Suzanne et de Louisette. Quel courage ! Pour chacune d’entre elles. Que de douleurs aussi… des femmes admirables dans tous les sens du terme. Vivre, survivre en faisant preuve d’une telle abnégation. Mon cœur s’est déchiré en lisant. Merci pour ces deux portraits de femme !
Enfin, André Bescond esquisse ce qu’était une femme libre dans les années 60. Libre dans son corps, dans sa tête, libre de tout engagement marital, libre de choisir sa vie et d’aimer la personne de son choix. Le rapport homme-femme, le chagrin, sa gestion au fil des ans, le désir de vengeance… Une simple histoire de famille, c’est tout cela à la fois. Une simple histoire de famille oui, mais bien plus qu’un simple roman en fin de compte.
Une simple histoire de famille, le roman d’une renaissance à 20 ans, à 50 ans et à 70 ans.
Au travers de cette chronique, vous aurez compris pourquoi j’ai tardé à l’écrire mais il me fallait les mots justes pour exprimer ce que j’ai ressenti en lisant. J’étais en apnée. À peine avais-lu les premières lignes et la première page que j’ai su. Oui j’ai su, que j’irai au bout d’une traite. Alors lisez-le !
4e de couverture Une simple histoire de famille
« Faire en sorte que la vérité anéantisse la douleur. Confronter les secrets, pour être enfin libres et en paix. »
Louisette, Hervé, Lio : trois personnages avec pour héritage la violence et les secrets de famille. Prisonniers des non-dits, lequel d’entre eux brisera le silence ?
Du Finistère des années 1960 au Paris d’aujourd’hui, Andréa Bescond, l’autrice des Chatouilles, immense succès au théâtre et à l’écran, retisse le fil de ces destins brisés, trois générations qui refusent, par leurs choix, la transmission des tragédies. Ce premier roman poignant questionne les rapports homme-femme, les ravages du chagrin, le désir de vengeance et invite, par-delà la douleur, à une possible renaissance.
La fiche du roman
- 4 janvier 2023
- Éditions Albin Michel
- 14 mm x 20 mm
- 256 pages