Un immense coup de coeur pour Ce pays qu’on appelle vivre d’Ariane Bois. Un roman très documenté comme toujours sur le camp des Milles à Aix-en-Provence, un camp d’internement et de déportation français au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Et une fabuleuse histoire d’amour.
Léo voit sa vie changer du tout au tout quand Hitler arrive au pouvoir en Allemagne. Jeune caricaturiste juif, il est contraint de fuir son pays pour rester en liberté. Il passera par plusieurs pays et noue des amitiés fortes au fil de son exode. Il finit par être détenu au camp des Milles à Aix-en-Provence.
Il rencontre Margot Keller, une jeune Marseillaise, forte et engagée dans un réseau de sauvetage, juive elle aussi. Ensemble, ils sont prêts à soulever des montagnes pour gagner la liberté, surtout pour Léo que puisse s’enfuir de cette France qui collabore et qui le condamne à l’horreur à une échéance de plus en plus proche.
Aux Milles, il côtoie des artistes de renom, qui tous, tour à tour, tentent d’échapper à leur funeste destinée.
Vibrez dans Ce pays qu’on appelle vivre
Ariane Bois signe un roman magistral, beau, lumineux malgré son sujet si difficile. J’ai aimé cette histoire sur fond d’Histoire car j’affectionne tout particulièrement cette période de la Seconde Guerre Mondiale. Et surtout, la vraie Histoire s’entremêle à la fiction ce qui donne une véritable force au roman. Seulement presque 300 pages mais j’aurais voulu ne pas quitter Léo et Margot, j’aurais voulu cheminer plus longtemps à leurs côtés et aux côtés des personnages qui sont cités, des artistes de renom, tous victimes de l’ignominie d’un seul être abject et victimes de ceux qui ont cru en cette idéologie.
Léo survit dans ce camp des Milles. Ce lieu bien réel fut celui de l’internement et de la déportation français de la zone dite « libre » au cours de l’Occupation allemande. Des intellectuels, des artistes r-de renom, ces expatriés de l’Est…y ont séjourné. En dépit de leur enfermement et des privations qu’ils subissaient, ces hommes ont continué à créer et à tenter de laisser s’exprimer leur art. Ils ont laissé une trace de leur passage à travers des oeuvres encore visibles aujourd’hui.
Garder espoir malgré tout
Tous continuent d’espérer et rêvent de recouvrer la liberté. Alors Léo tente à maintes reprises de s’enfuir. Entre espoirs et désespoir, Ariane Bois décrit le quotidien de ce jeune homme qui, jamais, ne se laisse abattre.
Margot incarne le dévouement dans toute sa beauté. Leur couple est tout simplement magnifique. Chacun donne sans attendre de retour. C’est sublime !
Les larmes ont affleuré au bord de mes yeux en lisant ce roman difficile et pourtant tout autant lumineux. J’ai été tellement émue. L’auteure vous fait vivre toutes les épreuves qu’endurent Léo et Margot sur le chemin d’une liberté tant espérée. On vit, on vibre à leurs côtés.
La plume sait être incisive pour faire ressentir la tension mais elle s’allège aussi parfois pour nous laisser respirer et mieux ressentir. Bref on est dans le camp des Milles ou à Marseille avec Léo et Margot.
4e de couverture
Un grand roman d’amour et de résistance à travers l’histoire des Milles (Aix-en-provence), le seul grand camp d’internement et de déportation français encore intact.
Jeune caricaturiste de presse juif allemand, Leonard Stein voit sa vie basculer quand Hitler arrive au pouvoir. Réfugié sur la Côte d’Azur après avoir combattu pour la liberté en Espagne, la guerre le rattrape. À l’été 40, il est envoyé aux Milles, camp d’internement situé à sept kilomètres d’Aix-en-Provence.
Leo n’a qu’une idée en tête : s’échapper par tous les moyens. D’échecs en vaines tentatives, il finit par rencontrer une volontaire marseillaise d’un réseau de sauvetage, juive elle aussi, Margot Keller. Alors que leurs efforts conjugués paraissent porter leurs fruits et annoncer la liberté, l’été 42 arrive, meurtrier et cruel, faisant vaciller leurs espoirs. Mais les deux amants semblent croire à l’impossible…
L’usine de tuiles des Milles verra passer 10 000 étrangers, en majorité juifs. Un lieu de détention effroyable mais aussi un centre de culture, de création, peuplé par des intellectuels et des artistes opposés au nazisme, dont Max Ernst et Franz Hessel. Une histoire encore très peu connue, l’ouverture au public du site-mémorial datant de 2012 seulement.
La fiche Ce pays qu’on appelle vivre
- 12 janvier 2023
- Éditions Plon
- 130 x 210 mm
- 288 pages